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Trois questions à Damien Ernst

Damien-Ernst

DAMIEN ERNST, Professeur à l’Université de Liège et co-fondateur Blacklight Analytics

Nous vivons dans une société technophobe.

Damien Ernst

La technologie est un formidable moteur pour la croissance et l’entreprise. Mais comment se lancer dans une société qui se défie de plus en plus de la science et de la technologie ? Le point avec Damien Ernst, professeur à l’ULiège et spécialisé dans les questions d’énergie et d’intelligence artificielle.

Nous vivons vraiment dans une société technophobe ?

J’ai l’impression qu’en Belgique et plus largement en Europe, le mode de pensée occidental, même si c’est moins le cas aux Etats-Unis, est devenu anti-technologie et antiscience. On le voit encore actuellement avec les vaccins. Le problème est qu’aujourd’hui nos responsables politiques n’ont en grande majorité plus aucun bagage scientifique et cela se constate dans les décisions qu’ils prennent. Je peux vous assurer que ce n’est pas le cas en Chine et plus globalement en Asie. Là vous avez un véritable appétit pour la science.
A cela s’ajoute le fait que le terme mondialisation semble être devenu un gros mot, quelque chose à combattre absolument, alors que toute démarche technologique et scientifique doit s’articuler dans ce sens-là. Les scientifiques qui font de la recherche l’ont compris depuis longtemps : la communauté scientifique ne connait pas les frontières, le protectionnisme.

Comment pourrait-on susciter si pas l’appétit, au moins l’intérêt pour les sciences ?

En changeant la manière d’aborder les problèmes, par exemple. Prenons le cas du transport aérien, on nous dit de ne plus prendre l’avion. Ne serait-il pas plus intéressant de se pencher sur des solutions qui permettent de réduire les émissions de C02 en s’appuyant sur la technologie et la science ? On ne cesse de se lamenter sur le manque de techniciens mais si on ne donne pas le goût de la technique aux jeunes, on ne risque pas d’en trouver. C’est important pour les entreprises existantes mais aussi pour les jeunes qui souhaitent entreprendre.

La notion de rêve est importante pour un entrepreneur et il y a encore des jeunes qui ont envie de faire des chouettes choses qui sont techniques. Un peu comme le récent Manager de l’Année, Fabien Pinckaers, avec Odoo.

Ce sont les entreprises technologiques qui créent de la croissance et des emplois ?

Clairement. Il n’y pas de secrets, quand on observe les entreprises en croissance, ce sont souvent des entreprises technologiques. Quand vous regardez les GAFA, leurs créateurs sont des ingénieurs et des scientifiques. Et la technologie n’est pas opposée à l’écologie. Avec Google Maps, vous pouvez optimiser vos déplacements en transport en commun et y travailler durant les trajets plutôt que de perdre votre temps en voiture, par exemple. L’idéal serait de (re)créer un environnement favorable à la science et sortir de ce climat délétère et anti-technologie. Sinon, on court le risque que de plus en plus que nos jeunes s’envolent vers des pays comme les Etats-Unis où l’environnement est plus favorable aux entreprises.

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